Faites Comme Chez Vous

(pièce en un acte qui, sur scène, peut être suivie par “PAS CHEZ NOUS” jouée par les même quatre comédiens sous le titre “BAIN DE SANG”)
Dans une charmante maison de campagne, Fionie, une radieuse jeune femme, invite à dîner un couple d’étrangers, Maud et Georges. Mais à la fin de la soirée, curieusement, ses convives ne partent pas. Ils vont s’incruster chez elle, s’intéressant de près à tous ses biens. Fionie est réduite à l’état d’esclavage. Mais qui est cette jeune femme, blonde et belle, à laquelle on s’identifie si facilement ?

 

FAITES COMME CHEZ VOUS

 

pièce en un acte qui, sur scène, peut être suivie par "PAS CHEZ NOUS"  jouée par les même quatre comédiens sous  le titre "BAIN DE SANG".

 

 

 

de Alan ROSSETT

 

 

 

 

 

 

Fionie

Maud

Georges

Victor

Une pièce dans une maison de campagne...

 

 

 

Une pièce d'une agréable simplicité dans une maison de campagne.

Une porte centrale ouverte. Sorties vers la cuisine, la cave et la chambre. Des marmites accrochées dans une cheminée.

De la vaisselle sale sur une table roulante.

La fin d'un excellent repas aux chandelles. Trois personnes posent leurs couverts.

Maud et Georges, presque quarante ans... correctement vêtus... mais avec quelque chose de louche. Fionie, dans les vingt, ans, porte une belle robe de style campagnard. De longs cheveux ondulés couvrent ses seins.

 

L'éclairage : la fin d'une journée ensoleillée.

 

 

FIONIE    C'est le moment que j'aime !e plus... le silence avant le coucher du soleil, après un bon repas en bonne compagnie.

 

GEORGES   Alors vous devez être invitée très souvent chez les gens ?

 

FIONIE   Pas du tout ! Vous savez nous, les campagnards, nous avons une vie plutôt solitaire. C'est la raison pour laquelle nous prenons un tel plaisir à inviter des étrangers chez nous ! Surtout quand des étrangers sont aussi gentils que vous !

 

GEORGES   Je vois. Votre famille n'habite plus la région ?

 

FIONIE   (simplement)   Je suis orpheline.

 

MAUD    Comme c'est triste !

 

GEORGES   Mais les voisins ... il y a des voisins... ?

 

FIONIE   Oh, enfin... il y a le Vieux Voisin Victor, c'est tout.

 

MAUD   (vaguement)   Ah oui... euh… Victor… ?

 

 

FIONIE   Vous le connaissez ?

 

MAUD    Euh… c'est à dire…

 

FIONIE   Vous allez sûrement le rencontrer ! Quand l'envie lui prend de papoter un peu,  il fait toujours sa petite visite !  Tous les cinq, six  ans.

 

MAUD  Ça, c'est gentil ! Vous aussi, vous avez  quelque chose de très sympathique... même de très attirant. N'est-ce pas, Georges?

 

GEORGES    Fionie, c'est un bijou.

 

MAUD   De toute ma vie, je ne me souviens pas avoir rencontré une fille qui irradie autant de bonheur.

 

GEORGES   C'est vrai, vous êtes heureuse ici ?

 

FIONIE   Ah oui  !

 

MAUD   Et qu'est-ce qui vous plaît tant ?

 

FIONIE     ... Je ne trouve pas les mots ! Pendant la journée par exemple la chaleur est plutôt... rafraîchissante.

 

MAUD   Les nuits sont froides.

 

FIONIE   D'accord mais il faut attendre la saison des pluies !

 

MAUD   Je vois : en plus c'est humide. Mon Dieu, qu'est-ce que nous allons devenir ?

 

FIONIE   Pardon? Il y a quelque chose qui ne va pas ?

 

MAUD   Quelque chose ? Oh là ! C'est qui me gêne le plus... c'est le parquet !

 

 

FIONIE   Quel parquet ?

 

MAUD   Elle ne le voit même pas !

 

GEORGES     (prend Fionie par le bras et avec délicatesse la fait se mettre à genoux)­Regardez.. Entre les fissures. Maintenant vous en verrez, ou, alors, moi, je ne m'appelle plus Mister Georges,

 

FIONIE   Je vois pas.

 

MAUD   Mais le parquet en est plein : du blou blou.

 

GEORGES   On m' avait laissé entendre que dans la cave on peut carrément nager la-dedans !

 

MAUD   Bien sûr, nous n'avons aucune envie de le vérifier !

 

GEORGES   Pas la peine ! Ça vous suinte des fissures !

 

MAUD   Arrête ! Déjà que je regarde mes chaussures avec horreur !

(Pause gênée)

 

FIONIE   Ecoutez...  je suis navré que notre ''blou blou'  vous ait fait ure telle impression. Mais pour être franche,  vous ne pouvez pas savoir comme il nous est utile. Attendez, je vais vous montrer... j'en ai toujours une bouteille tout près !

 

(Elle sépare ses cheveux ce qui laisse apparaître, pendue à une chaîne autour de son cou, une bouteille contenant une matière noire et grasse. Maud et Georges la regardent, scandalisés.)

 

MAUD   Georges...

 

(Fionie ouvre la bouteille... bruit désagréable : blou blou blou.  Elle  en verse sur sa tête, comme une friction. Ils la regardent dégoûtés tandis qu'elle frictionne ses cheveux.)

 

 

MAUD   Elle est plutôt du genre mal propre, non... ?

 

FIONIE   Mais ! C'est de moi que vous parlez !?

 

MAUD   Euh non non ! de... quelqu'un que nous avons connu...  dans le temps !

(à Georges)   Peut-être avons nous eu tort de l'inviter.

 

GEORGES   (vaguement)   Tu crois que c'est nous qui...

 

FIONIE   Mais de qui parlez vous enfin ?    (tandis qu'elle rejette ses cheveux en arrière, révélant deux énormes boucles d'oreilles en pierre)

 

MAUD   De personne, chérie ! des chimères ! Oh ! En voilà des jolies boucles d'oreilles !

 

FIONIE   J'ai compris, vous ne les aimez pas non plus !

 

MAUD   Au contraire, je les adore !

 

FIONIE   Vraiment ?

 

MAUD   Ah j'aimerais bien savoir où vous les avez trouvées ?

 

FIONIE    Mais je les ai fait moi-même.

 

GEORGES   Maud veut dire, les pierres.

 

FIONIE   Ah ! Dans la cave ! Je descends et j'en casse un bout !

 

GEORGES   Le côté débrouillard de cette fille commence à m'étonner ! Et la vente de vos pierres, c'est vous qui vous en occupez également ?

 

FIONIE    Je ne les vends pas.  Je les porte.

 

GEORGES   Toutes à la fois ?

 

FIONIE   (souriante)   Vous vous moquez de moi ! Non, quand une paire ne me plaît plus, je la jette et j'en fabrique une autre.

 

GEORGES   Simple comme...

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1 critique sur “Faites Comme Chez Vous”

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