Les vies (pas vraiment) parallèles

Boris Sullivan est un écrivain plutôt fantasque. S’il semble vivre solitaire, il est néanmoins très entouré des personnages à qui il a insufflé l’esprit. Lorsqu’il décède soudain, écrasé par une armoire normande, l’enquête dévoilera la double vie de l’écrivain, tiraillé entre réel et imaginaire, mais elle devra aussi répondre à des questions dérangeantes. La mort de Boris est-elle aussi naturelle qu’elle le paraît ? Peut-il y avoir interaction entre deux mondes que l’on dit parallèles, ceux de l’esprit et de la matière ? Des personnages fictifs peuvent-ils accéder à une autonomie, ou bien l’écrivain joue-t-il un jeu pervers ? Enfin, un écrivain peut-il vraiment mourir ? Toutes ces questions sérieuses trouveront des réponses cocasses, car il s’agit avant tout d’une comédie.

Liste des personnages (8)

Boris SULLIVAN Homme • Adulte
Ecrivain. Patronyme issu d’une association de Boris Vian et de son pseudonyme Vernon Sullivan.
Marguerite CRUCHEFemme • Adulte/Senior
Personnage et bonne à tout faire (fictive) de Boris Sullivan. Condensé des personnages Cruche et Marguerite de Boris Vian. Cruche est la bonne des Bâtisseurs d’empire, Marguerite est la bonne de L’Herbe rouge.
Jean DALUINHomme • Adulte
Éditeur de Boris Sullivan. Le vrai Jean d’Halluin est le créateur des Éditions du Scorpion connues pour avoir publié les premiers romans de Vernon Sullivan alias Boris Vian.
UrsulaFemme • Jeune adulte/Adulte
Prononcer Oursoula. Fiancée de Boris Sullivan. Elle est danseuse de ballet. Son modèle, Ursula Kübler, était la seconde femme de Boris Vian, danseuse et actrice. Boris l’appelait son Ourson.
VERTPRET, alias VERPOISHomme • Adulte/Senior
Voisin de Boris Sullivan, retraité passionné de jardinage. Anagramme de Prévert Jacques, voisin et ami de Boris Vian à la cité Véron, à Paris.
HANVÉLOHomme • Adulte
Inspecteur de Police. Il a pour aide le stagiaire Platon. Zéphirin Hanvélo est un personnage de Boris Vian, brigadier cycliste dans Derrière la Zizique.
PLATONHomme • Jeune adulte
Inspecteur de Police stagiaire, aux ordres de l’Inspecteur Hanvélo. Il a un lien de parenté avec Paton, élève flique dans Les bons élèves de Boris Vian.
MichelleFemme • Adulte
Ex-épouse de Boris Sullivan. Par analogie avec Michelle Léglise, première épouse de Boris Vian.

Décor (1)

Décor uniqueLe bureau de Boris Sullivan. Les murs de la pièce sont chargés de livres. Un bureau demi-ministre est situé sur le côté jardin, latéralement à une fenêtre qui donne sur l’extérieur. Sur la table de travail se trouvent des papiers, encore des livres, un téléphone et une vieille machine à écrire. De l’autre côté se trouvent une tablette à tiroir surmontée d’une lampe à abat-jours ainsi qu’un fauteuil. Au centre de la pièce, entre les étagères de livres, s’ouvre une seule porte qui dessert entrée, cuisine et chambres.

Cette pièce ne se veut pas un hommage, encore moins une biographie. Elle est un simple clin d’œil à mon ami Boris Vian. Lui, plus que tout autre, vécut et vit sans doute encore là haut sur son nuage, mille et une vies parallèles.

 

ACTE I

 

Nous nous trouvons dans le bureau de Boris Sullivan, écrivain encore jeune. Il vit en solitaire, dans l’unique compagnie de sa bonne, Marguerite, entre les murs d’une petite maison située en bordure de lac.

Les murs de la pièce sont chargés de livres. Un bureau demi-ministre est situé sur le côté jardin, latéralement à une fenêtre qui donne sur le lac. Sur la table de travail se trouvent des papiers, encore des livres, un téléphone et une vieille machine à écrire. De l’autre côté se trouvent une tablette à tiroir surmontée d’une lampe à abat-jours ainsi qu’un fauteuil Voltaire (ou autre mais suffisamment haut pour qu’une personne assise soit invisible vue de dos) bizarrement retourné et accolé vers le fond de scène. Au centre de la pièce, entre les étagères de livres, s’ouvre une seule porte qui dessert entrée, cuisine et chambres.

  

Scène 1

Boris, Marguerite

 Boris est assis derrière son bureau, il tape à la machine en pestant après les multiples corrections qu’il doit effectuer manuellement.

BORIS ― Sacrée foutue machine… (Il gomme.) Elle me met un pluriel où il n’y en a pas… (Il tape.) Non ! Trois s maintenant ! (Il rature au stylo.) Ça va devenir illisible… (Il tape.) Ça l’est déjà… (Il s’interrompt.) Qu’est-ce que j’ai écrit, là ?... transquinement ! Qu’est-ce que ça veut dire, transquinement ?... Rien ! (Il biffe.) Elle m’énerve… (Il tape.) Elle n’en fait qu’à sa tête. Rien que pour m’énerver, je le sais… Et voilà ! (Il s’interrompt.) Elle a sauté le u. Je suis sûr d’avoir tapé u. Elle a écrit « le frit de mon imagination »… Parce que je déteste la friture… (Il tape.) Elle me cherche, elle me cherche… (Il lève les mains au ciel.) Friture ! J’ai tapé « voiture », elle a écrit « friture » ! Elle ne cesse d’y faire allusion. « Ville » devient « huile », « baigneur » se transforme en « beignet »… Il est logique qu’une « voiture » finisse en « friture »… (Il tape.) Elle me cherche, elle me cherche… et elle va me trouver… (Il se lève soudain, en fureur.) Ça, c’est trop fort ! Trop, c’est trop ! (Il se dirige vers la tablette, ouvre le tiroir, plonge la main à l’intérieur, la ressort immédiatement.) Aie ! (Il se masse les doigts.) Évidemment, elle prend sa défense. Mais je ne me laisserai pas intimider. (Il maintient fermement le tiroir de la main gauche, replonge la main droite à l’intérieur, en sort un révolver malgré les soubresauts de la tablette.) Ah ! Ah ! On rigole moins maintenant. (Il abandonne la tablette, se retourne vers la machine à écrire, et la vise. Il tire : PAN ! La machine tressaute[1]. Deuxième coup de feu : PAN ! La machine tressaute à nouveau. Il tire une troisième fois : PAN ! La machine ne bouge plus. Il baisse son arme.) Elle est morte.

Entrée inquiète de Marguerite, la bonne, un torchon à la main.

MARGUERITE ― Eh bien ! Que se passe-t-il ici ?

BORIS, empoche l’arme. Je l’ai tuée ! Ça lui pendait au clavier. Tant va la cruche à l’eau...

MARGUERITE, avec réprobation. Qu’à la fin, on lui tire dessus. Bravo ! Vous êtes le La Fontaine des temps modernes.

BORIS, tire la feuille du rouleau de la machine. Regardez. (Il exhibe la feuille de papier où l’on voit les trois trous laissés par les balles.) Des « y » à la place des « i », des « v » à la place des « r »… et la dernière, la meilleure, où je crois écrire « confiance » et je découvre, devinez quoi ?... « CONFIT D’OIE » ! C’est magnifique, non ? « CONFIT D’OIE » !

MARGUERITE, récupère la feuille de papier. Elle avait de l’humour, cette machine.

BORIS ― Ne vous moquez pas de moi, Marguerite, s’il vous plait. Je suis écrivain, et un écrivain ne peut pas s’accommoder d’une machine éprise d’indépendance littéraire.

MARGUERITE ― Et maintenant, vous allez écrire comment ?

BORIS, crâneur. Je vais acheter un ordinateur.

MARGUERITE ― La bonne blague. Je ne lui donne pas une semaine avant que vous ne l’écrabouilliez lui aussi.

BORIS ― J’écrirai à la main, avec un bon vieux stylo. Un stylo ne fait pas de fautes d’orthographe.

MARGUERITE ― Si vous le dites, monsieur Boris. Moi, après tout, je ne suis qu’une domestique, je me garderais bien de discuter votre comportement.

BORIS ― C’est ça, gardez-vous, Marguerite, gardez-vous.

MARGUERITE ― Mais tout de même. Vous n’avez pas de cœur ! Vous auriez pu avoir des égards pour son âge. Une machine de vingt ans !

BORIS ― Vous pouvez en compter quarante, voire cinquante…Mais je me fous de son âge, jetez la !

MARGUERITE, pose la feuille de papier sur le bureau avant de récupérer la machine. Je vais l’enterrer dans le jardin, à côté du grille pain que vous avez massacré la semaine dernière parce qu’il était trop long à griller.

BORIS ― Faites-en ce que vous voulez.

Marguerite sort avec la machine à écrire. Aussitôt, le bureau se met à se déplacer sur la scène.

BORIS ― Ah non, ça suffit ! Si tout le monde s’y met... (Il menace le bureau du révolver.) Ici, le bureau !... Ici, j’ai dit ! (Le bureau revient lentement à sa place.) Couché ! Et pas bouger ! Voilà. Non, mais… (Il va ranger l’arme dans le tiroir de la tablette. Lorsqu’il referme le tiroir, il pousse un cri.) Aie ! (Il trépigne en se tenant la main.) Aie aie aie !

MARGUERITE, revient. Qu’est-ce qu’il se passe encore ? On ne peut pas vous laisser seul deux minutes.

BORIS, en soufflant sur ses doigts. La tablette, elle m’a mordu !

MARGUERITE ― Vous le cherchez, aussi, à toujours la maltraiter. Vous savez pourtant qu’elle mord, cette tablette.

BORIS ― Elle aussi, je vais la flinguer !

MARGUERITE ― Oh ! Arrêtez de vouloir flinguer tout ce qui bouge. Vous travaillez trop, vous devriez vous reposer.

BORIS ― Vous êtes bien bonne, vous…

MARGUERITE ― Oui. Je suis même la bonne à tout faire, ici.

BORIS ― Ce n’est pas ce que je voulais dire…

MARGUERITE ― Je sais ce que vous vouliez dire, mais j’essaie de vous changer les idées. Vous êtes énervé.

BORIS ― Je suis énervé, oui, parce que plus rien ne m’obéit. Tout se carapate dans cette pièce, sans me demander mon avis. C’est comme ce fauteuil, il n’est jamais à sa place ! (Il va chercher le fauteuil coincé en fond de scène pour l’orienter dans le bon sens et le recentrer.)

MARGUERITE ― Ce n’est pas moi.

BORIS ― Je le sais bien. C’est lui… Je le mets dans la lumière pour pouvoir lire commodément, et dès que j’ai le dos tourné, il retourne se cacher dans le coin.

MARGUERITE ― Il n’aime pas la lumière, que voulez-vous.

BORIS ― C’est moi qui décide. C’est moi le patron.

MARGUERITE ― Oh la la ! Vous êtes pénible. Qu’est-ce que ça peut vous faire s’il se met à l’ombre lorsque vous avez fini de lire ?

BORIS ― Ça me fait ! Les objets ne font pas la loi, ici, chez moi... Et puis j’en ai assez, je vais me promener autour du lac…

Il sort en grandes enjambées.

 

Scène 2

Marguerite, l’Éditeur (au téléphone)

 MARGUERITE, restée seule, soliloque. Il est impossible ! (Elle soupire.) Quand il est dans sa période d’écriture, il est impossible… Le problème, c’est qu’il est souvent dans une période d’écriture… Normal, puisqu’il est écrivain… Le pire, c’est quand il attaque une nouvelle histoire.  Le temps qu’elle se mette en forme dans sa tête… Mais tout de même, cette fois, je le trouve bien énervé… C’est comme ce fauteuil… (Elle s’approche du fauteuil.) Il ne s’imagine pas la difficulté que peut avoir un fauteuil à se déplacer… hein ? (Elle s’adresse au fauteuil.) Je vais t’aider. (Elle repousse légèrement le fauteuil.) Tu ne lui diras rien, hein ? Je sais que tu ne le lui diras rien… Voilà. Qu’est-ce que ça peut lui faire, qu’il soit ici ou là, ce fauteuil… Heureusement, il y a le lac. (Elle va se poster à la fenêtre.) Tiens, je l’aperçois. On dirait un gamin, il fait des ricochets sur l’eau avec des galets plats… (Elle rit de le voir faire.) C’est miraculeux : un petit tour de lac, et hop ! il revient en pleine forme… Bon. Je dois m’occuper de la machine à écrire, je pense que je vais pouvoir la sauver… (Elle s’apprête à sortir lorsque le téléphone sonne. Elle décroche et s’assoit au bureau de Boris.) Allo !...

L’ÉDITEUR ―

MARGUERITE ― Non, il n’est pas là. C’est de la part de qui ?

L’ÉDITEUR ―

MARGUERITE ― Ah ! Monsieur l’éditeur, je ne vous avais pas reconnu.

L’ÉDITEUR ―

MARGUERITE ― Monsieur Daloin, je sais…

L’ÉDITEUR ―

MARGUERITE ― Dal-U-in, oui. C’est pourquoi je préfère vous appeler monsieur Jean, c’est plus simple.

L’ÉDITEUR ―

MARGUERITE ― Il est en train de faire le tour du lac. Il se détend.

L’ÉDITEUR ―

MARGUERITE ― Où en est son livre ? Je ne sais pas trop. Il écrit. Pour écrire, il écrit. Son bureau est recouvert de papiers. (Elle manipule les feuilles de papier.) Mais comme je ne suis pas curieuse, je ne sais pas du tout ce qu’il écrit.

L’ÉDITEUR ―

MARGUERITE ― Non, non, non. Je ne suis pas d’accord. Ça lui fait du bien de se promener autour du lac, ça le repose. C’est vous qui lui mettez la pression à le faire écrire jour et nuit, et il devient infernal.

L’ÉDITEUR ―

MARGUERITE ― C’est bon signe ? Et si je vous dis qu’il a tiré des coups de feu sur la machine à écrire ?

L’ÉDITEUR ―

MARGUERITE ― C’est bon signe aussi ? Ben voyons ! C’est pas vous qui vivez avec lui. Et s’il lui prend l’envie de me tirer dessus ?

L’ÉDITEUR ―

MARGUERITE ― Il n’est pas fou !… Parfois, je me demande.

L’ÉDITEUR ―

Un véhicule arrive à l’extérieur. On entend le ronronnement du moteur, un petit crissement de pneus sur le gravier et la portière qui claque.

MARGUERITE ― C’est ça, passez le voir. Et tâchez de le raisonner  plutôt que de le presser comme un citron… (On entend une sonnette.) Ah ! On sonne à la porte. Je vais devoir vous laisser.

L’ÉDITEUR ―

MARGUERITE ― Oui. Au revoir, monsieur Jean. (Elle raccroche, se lève et sort.) J’arrive !

 

Scène 3

Marguerite, Ursula

Marguerite entre, suivie d’Ursula, une jeune femme séduisante.

MARGUERITE ― Il est sorti prendre l’air, et si vous voulez mon avis, ça lui fera le plus grand bien.

URSULA ― Il est un peu nerveux en ce moment.

MARGUERITE ― Moi, je dirais qu’il est insupportable. Mais bon, moi, je ne suis pas amoureuse.

URSULA, gênée. Marguerite ! Qu’est-ce que vous allez imaginer ?

MARGUERITE ― Il ne faut pas que ça vous gêne, mademoiselle Ursula. Ce sont vos affaires et je ne m’en mêlerai pas. Et puis l’amour, c’est comme la promenade, ça ne peut lui faire que du bien.

URSULA ― Oui, bon… Vous le trouvez vraiment surexcité ?

MARGUERITE ― Ce matin, il a tiré sur la machine à écrire.

URSULA, incrédule. Tiré ?

MARGUERITE ― Tiré des coups de feu. Avec un révolver !

URSULA ― Non ! Il est armé ?

MARGUERITE ― Hier encore, il m’affirmait que c’étaient des balles à blanc. Mon œil. Regardez ! (Elle exhibe la page trouée prise sur le bureau.)

URSULA ― Trois coups ?

MARGUERITE ― Comme au théâtre ! D’ailleurs, c’est ce qu’il écrit en ce moment. Il est à fond dedans.

URSULA, étonnée. Du théâtre ?

MARGUERITE ― Il ne vous en a rien dit ?

URSULA ― Il ne me dévoile pas tout de ses projets.

MARGUERITE, mutine. Je comprends. Vous avez d’autres sujets de conversation.

URSULA, agacée. Oui… Non… Enfin…

MARGUERITE ― Mais vous devriez parler un peu moins et le fatiguer davantage, si vous voyez ce que je veux dire. Au moins, ces coups là ne font pas de mal et ils détendent les excités du ciboulot comme monsieur Boris.

URSULA, offusquée. Marguerite ! J’ai cru entendre que vous ne deviez pas vous mêler de nos affaires.

MARGUERITE ― Je ne veux pas m’en mêler, mais comprenez que l’attitude de monsieur Boris m’inquiète. Il vous a parlé des objets qui bougent ?

URSULA ― Oui. C’était le sujet de son dernier roman, la révolte des objets ! Ce n’est pas ce qu’il a écrit de mieux, à mon avis. Mais je dois avouer que je ne suis pas très branchée science-fiction.

MARGUERITE ― Eh bien, c’est toujours d’actualité. Et ce n’est pas de la science-fiction, ils bougent vraiment.

URSULA ― Qu’est-ce que vous me racontez, Marguerite ?

MARGUERITE ― Je vous assure, mademoiselle Ursula, les objets sont vivants dans cette maison. Avec moi, ils sont plutôt amicaux, parce que je les manipule délicatement, mais avec monsieur Boris qui est, en ce moment, comme je vous l’ai déjà dit, d’un naturel emporté, ça se passe assez mal.

URSULA, perplexe. Oui, oui, oui…

MARGUERITE ― Tenez ! Cette console par exemple. (Elle désigne la tablette.) Elle le mord sitôt qu’il la touche.

URSULA, moqueuse. Ah, oui ! Elle le mord avec ses petites dents. Croc, croc, croc…

MARGUERITE ― Mais, non ! Avec le tiroir.

URSULA ― Bien sûr !

MARGUERITE ― Et la machine à écrire, c’est parce qu’elle n’écrivait pas ce qu’il tapait qu’il lui a tiré dessus… Vous n’avez qu’à lui demander.

URSULA ― À la machine ?

MARGUERITE ― Non. À monsieur Boris.

URSULA ― C’est ça, je vais lui demander... Il est allé faire le tour du lac, je crois ?

MARGUERITE ― Oui. Essayez de le raisonner. Il doit se calmer, c’est pour son bien. Pensez à son cœur.

URSULA ― Oh, mais je ne pense qu’à ça.

MARGUERITE ― Avant, il jouait de la trompette. C’était bon pour son mental.

URSULA ― Mais pas pour son cœur. Pensez-y, vous aussi.

MARGUERITE ― Je ne préconise pas un retour à la trompette. Il pourrait simplement jouer d’un autre instrument. Du piano par exemple.

URSULA ― Et si le piano s’émancipe, comme la machine à écrire ?

MARGUERITE ― Je n’avais pas envisagé cette possibilité.

URSULA ― Bien ! Alors, je vous laisse réfléchir à une solution originale pour l’assagir pendant que je m’en vais le rejoindre au bord de l’eau. À tout à l’heure, Marguerite. (Elle sort.)

MARGUERITE, restée seule. ...

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