Les vieux, souterrains

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Les rumeurs font état d’étranges disparitions dans des tunnels désaffectés du métro. Des agences spécialisées y abandonnent des vieux dont les enfants cherchent à se débarrasser. Mais des survivants, organisés en groupes clandestins, se sont particulièrement bien adaptés à ce milieu souterrain…

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Un lieu désaffecté, oublié, du métro parisien. Des bruits de gouttes d'eau, parfois des vibrations, sourdes, lointaines. Un peu de résonance.

La vieille femme et le vieil homme s'y sont aménagé un coin de vie. Ils se préparent pour leur cérémonie de mariage.

La vieille femme : Ô mon loup, mon grand loup, tu agrafes ma robe s'il te plaît?

Le vieil homme : Moi? La mécanique de précision c'était pas mon fort, mais pour toi je vais faire un effort. Là... ajustage, et décollage!

La vieille femme : Hi ! Hi! Ah non, bas les pattes, coquin, les balivernes c'est pour ce soir! Notre nuit de noces mon amour, alors tiens-toi bien!

Le vieil homme : Déjà que j'ai le vilebrequin qui s'emmanche, je ne sais pas si j'pourrais l'tenir jusque là!

La vieille femme : Je te chanterai des airs en attendant ! (Elle chante.) « Ah! Je ris de me voir Si belle en ce miroir!... » Regarde comme nous sommes beaux tous les deux, non? Le miroir est un peu fêlé mais on s'en fout!

Le vieil homme : Tu es superbe ! Une chance de l'avoir déniché. Dans le tunnel du dépôt, y a de tout là-dedans. Les mecs du Comité d’entreprise de la RATP y planquent du matos, loin de la direction! Literies, cuisines, de tout pour équiper une baraque dis-donc !

La vieille femme : Tant mieux pour nous ! Moi c'est de t'avoir déniché ici, dans ces trous à rats, que je n'en reviens pas. Sous la terre, à nos âges ! On se croirait dans un roman de Jules Vernes. Peut-être qu’un jour on va découvrir le centre de la Terre ! Non mais tu te rends compte !

Le vieil homme : Quoi à nos âges ? Ça nous fait combien tous les deux, hein ? 160 ans, à côté de Marcel et Paulette, 190, on est des p’tits jeunes ! Et puis on est pas mal conservés, non ?

La vieille femme (Elle chante.) : « L'Aventura, C'est la vie que je mène avec toi...»

Le vieil homme : Stone et Charden, ce qu'on les a entendus au garage! Les poteaux, y mettaient que ça, remarque les tubes, c’est bon pour le boulot, ça maintient la cadence ! De toute façon, jamais j'aurais pu te rencontrer avant. Moi les airs classiques, tu sais...

La vieille femme : Les opérettes ! Les opérettes je t’ai dit ! Pourquoi donc? J'aurais pu déposer ma voiture à réparer chez toi.

Le vieil homme : Peu de chances, on faisait du haut de gamme, là-haut, en surface! Les beaux quartiers Madame ! Moi, l’Opéra, c’est du trottoir que j’le voyais, tous les jours, mais jamais je suis rentré d’dans. T’aurais vu les caisses et les clients ! Oh ! Oh ! Les clients ! Ils nous amenaient leur tire pour un oui ou pour un non. Remarque ils étaient pas avares sur le pourboire les gonzes.

La vieille femme : L’Opéra… J’aurais bien aimé un jour… J’y suis allée pour voir les grands classiques, et même une fois pour répéter « La Belle Hélène ».

Le vieil homme : Ah ! Celui-là je connais. (Il chante) Je suis l'époux de la reine, poux de la reine, poux de la reine : le roi Ménélas. Je crains bien qu'un jour Hélène, qu'un jour Hélène, qu'un jour Hélène -je le dis tout bas- ne me fasse de la peine, n'anticipons pas. Je suis l'époux de la reine, poux de la reine, poux de la reine : le roi Ménélas, le Méné...

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