Maison à vendre

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Angèle et Antoine aiment vivre tranquilles, seuls, à l’écart de tous, sans voisin. Ils habitent dans un endroit retiré, à l’abris des regards, en toute discrétion. Ils ne sortent que quand c’est strictement nécessaire et aiment cette vie recluse. Ils sont chez eux et passent un moment agréable. Ils boivent un café, ils plaisantent, se chamaillent….. mais ce petit moment sympathique va être troublé par la visite inattendue d’un couple qui souhaite acheter la maison juste en face de la leur.

Décor (1)

Salon / salle à manger Le décor représente une pièce de vie, salon ou salle à manger/salon, dans une maison de campagne.Angèle n’est pas encore dans la pièce. Antoine lui parle sans bouger du canapé, en lisant. Ils se parlent fort, d’une pièce à l’autre.

 

Antoine : Chérie ! Chérie !

Angèle : Oui ! Qu’est-ce qu’il y a ?

Antoine : Tu m’avais dit qu’on prendrait un petit café.

Angèle : Dis donc ! Si t’es pressé, tu te prends par la main et tu vas te le faire ton café.

Antoine : Comme tu me l’avais proposé, je me suis dit !

Angèle : Bah arrête de te dire des choses et bouge-toi un peu, ça te fera de l’exercice.

Antoine : De l’exercice j’en fait tous les jours au boulot.

Angèle : C’est ça, laisse-moi rire.

Antoine : Tiens, rien qu’hier, j’ai fait 12 972 pas. Et je ne l’invente pas, c’est ma montre qui me le dit.

Angèle : Si c’est ta montre qui te le dit.

Antoine : Bon ok, je vais le faire le café. (résigné)

(Antoine sort et ensuite Angèle rentre et se met à ramasser les affaires d’Antoine qui sont éparpillées. Il en a laissé un peu partout, un magazine sur la table de salon, un gilet sur une chaise posée n’importe comment, sur la table de salon une cannette de bière, un paquet de gâteaux, etc… )

Angèle : En tous cas on ne risque pas de te perdre. On peut te suivre à la trace. Faire je ne sais combien de pas pour tourner en rond, je sais le faire aussi mais pour ce qui est de ranger tes affaires c’est une autre histoire. Je me sens vraiment seule parfois.

Antoine : Allez chérie, c’est vrai que je suis un peu bordélique mais promis je vais faire des efforts. En attendant, on se pose et on prend un petit café fait avec amour, pour ma petite Angèle.

Angèle : Oh mon Toine, toi tu sais parler aux femmes.

Antoine : Regarde, j’ai même mis des petits gâteaux pour accompagner le café.

Angèle : Mouai ! L’art de se raccrocher aux branches !

Antoine : Belle journée non !

Angèle : Oui ! Belle journée et ensoleillée en plus.

Antoine :  Ça fait combien de temps qu’on habite là déjà ?

Angèle :  Ça fait douze ans je crois.

Antoine : Sérieux, on n’est pas bien là ! Tranquille ! Pas de voisin ! Un paysage de rêve ! Elle n’est pas belle la vie.

Angèle : Oui mon Toine, elle est super belle la vie.

Antoine : Tu peux tourner la tête sur 360 degrés. Il n’y a que la nature. Pas de construction à l’horizon. A part cette maison à vendre en face depuis des années ! Mais bon, c’est une belle baraque, elle s’intègre parfaitement dans le décor.

Angèle : C’est vrai, le décor est parfait.

Antoine : On n’a pas besoin de plus. Juste toi et moi en osmose avec dame nature. Le bonheur à l’état pur. (il prend une grosse bouffée d’air) Tiens respire Chérie, c’est du bon !

Angèle : Ce matin on avait dit qu’on irait se promener dans les bois. Qu’est-ce que t’en dis ?

Antoine : Il n’y a rien qui nous retient.

Angèle : Non, rien, on n’a pas de gosse, on est libre comme l’air.

Antoine : Tu nous vois avec des gosses ! Non mais sérieux, l’enfer, toujours en train de nous prendre la tête.

Angèle : Eux, ils nous prendraient la tête et nous on se prendrait la tête entre nous à cause d’eux. Non mais t’imagine !

(Antoine se met à imiter un enfant, Angèle joue le jeu. Ils s’amusent tous les deux. Ils peuvent être debout et déconner en bougeant.)

Antoine : Maman j’ai envie de faire caca ! Maman j’ai envie de faire caca !

Angèle : Voilà mon chéri, maman arrive.

Antoine : Trop tard maman, j’ai fait caca.

Angèle : Et merde !

Antoine : C’est le cas de le dire.

Angèle : Papa, tu viens jouer avec moi !

Antoine : Non je n’ai pas le temps mon petit, demande à maman elle en meurt d’envie.

Angèle : Dis-donc Antoine, assume un peu ton rôle de père, ça changera un peu. Parce que là, maman elle en a ras le bol de torcher le cul au chiard de monsieur !

Antoine : A parce que je l’ai fait tout seul le môme peut-être ? Répond Angèle ! Je l’ai fait tout seul le môme ?

Angèle : Non, tu ne l’as pas fait tout seul le môme ! Par contre, pour les biberons, les couches et tout le reste, Monsieur est aux abonnés absents.

Antoine : Comment ça aux abonnés absents ?

Angèle : Les bonhommes, tous les mêmes !

(Quelqu’un tape à la porte. Ils stoppent net leur discussion et se regardent surpris.)

Antoine : Tu attends quelqu’un ?

Angèle : Non, personne.

Antoine : Des gens qui se sont égarés !

Angèle : Bon ! Bah ! Si t’allait ouvrir.

Antoine : Oui, oui, j’y vais.

(Antoine va ouvrir.)

Louise : Bonjour Monsieur, excusez-moi de vous déranger mais nous sommes vos « peut-être futurs voisins ».

Antoine : Euh ! Oui ! Enfin, entrez bien sûr.

Louise : Merci.

Antoine : Je vous en prie.

Arthur : Messieurs dames bonjour.

Antoine : Bonjour Monsieur, entrez je vous en prie……Je vous présente ma femme, Angèle. Et moi c’est Antoine.

Arthur : Arthur.

Louise : Louise.

Arthur : J’espère qu’on ne vous dérange pas ?

Louise : Oui c’est vrai, on débarque comme ça, comme un cheveu sur la soupe. On ne voudrait pas abuser, hein Arthur.

Arthur : Absolument, il est hors de question de vous déranger.

Angèle : Non, non, rassurez-vous. Nous n’avions rien de prévu aujourd’hui et puis on peut quand même accorder un peu de temps à nos « peut-être futurs voisins » pour reprendre l’expression de….. Louise…… c’est bien Louise, n’est-ce pas ?

Louise : Oui c’est bien ça, c’est Louise.

Antoine : Mais asseyez-vous, vous serez plus à l’aise.

Angèle : Alors, qu’est-ce qui vous pousse à venir vous installer dans ce trou paumé ?

Arthur : Une envie de changement probablement lié au confinement.

Louise : Interdiction de sortir, mettre le masque, devoir justifier du moindre déplacement. C’était devenu insupportable. Et puis on s’est dit que ça pouvait recommencer à l’avenir alors ça nous a motivé pour venir nous installer à la campagne.

Arthur : Quand ils ont parlé de mettre en quarantaine plus de quarante millions de Chinois, avec Louise on s’est dit que ce genre de chose ne pourrait pas se faire en France et ni même en Europe d’ailleurs.

Louise : On était loin de nous imaginer que ça nous tomberait dessus !

Arthur : Et puis le cauchemar à rejoins la réalité. On a vécu une ambiance surréaliste, le couvre-feu, les laisser-passer, les contrôles de Police et de Gendarmerie.

Louise : Sans compter la délation, les gens qui dénoncent ceux qui ne respectent pas les règles.

Arthur : C’est là qu’on voit que l’humain n’a pas tellement évolué….toujours aussi fourbe et lâche.

Angèle : Oui, c’est sûr, il y avait un relent d’une époque qu’on croyait révolue.

Antoine : Les gens se sont recentrés sur leur nombril, la peur de manquer. Il n’y a qu’à voir les pénuries de pâtes, de PQ, de sucre et j’en passe.

Louise : Oui, je ne comprends pas ce besoin irrépressible de faire des stocks de PQ. L’alimentation, admettons à la limite, mais le PQ, c’est dingue !

Arthur : Bon passons à quelque chose de plus gai. Le confinement pour l’instant c’est terminé.

Antoine : Jusqu’à la prochaine fois !

Louise : Oui mais comme disait ma grand-mère, le passé c’est le passé et n’en parlons plus.

Arthur : Ah bon ! Elle disait ça ta grand-mère ?

Louise : Oui, avant de perdre la tête, elle disait souvent ça.

Arthur : Ok !

Angèle : Nous venons de boire un café mais j’en reprendrais bien un deuxième. Ça vous dit ?

Louise : Pourquoi pas. Avec plaisir.

Angèle : Monsieur ?

Arthur : Vous pouvez m’appeler Arthur.

Angèle : Oui bien sûr, Arthur ! Vous prendrez bien un café avec nous, Arthur ?

Arthur : Oui, je veux bien, merci.

Angèle : Antoine mon chéri, toi qui fais si bien le café, tu veux bien t’en charger ?

Antoine : Je ne peux rien te refuser mon petit chat. Je n’y vais pas, j’y cours.

Angèle : Vous venez d’où comme ça.

Louise : On vient de Bonnières sur Seine dans les Yvelines.

Angèle : Non mais je ne le crois pas. Vous venez de Bonnières sur Seine ?

Louise : Oui pourquoi, vous connaissez ?

Angèle : Et comment qu’on connait Bonnières. On y a habité quelques années avec Antoine.

Antoine : Et voilà les cafés. J’ai tout mis sur un plateau, les cafés, les sucres, les petites cuillères. Servez-vous !

Angèle : Antoine ! Tu ne devineras jamais où habitent Louise et Arthur.

Antoine : C’est vague comme devinette……écoute, je sèche, vas-y dis-moi.

Angèle : Ils habitent à……ils habitent à……

Antoine : Bon bah vas-y dis le moi.

Angèle : A Bonnières sur Seine, tu le crois ça !

Antoine : A Bonnières sur Seine ! Sans blague ! Je ne le crois pas ! Vous venez de Bonnières sur Seine où on a habité entre……1982 et 1990. Vous venez visiter une maison aujourd’hui pour habiter au fin fond de la Creuse et qui plus est au lieudit du « bois des enfers » et pour couronner le tout juste la maison en face de la nôtre !

Arthur : Effectivement le monde est petit, la vie réserve de drôles de surprises. Hein Louise ! Ce n’est pas fou ça !

Louise : Tu m’étonnes.

Arthur : Quand vous dites le bois des enfers, c’est quoi ?

Antoine : C’est le bois qu’est...

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