Mâle Alpha

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Ils ont une bonne raison de faire leur vie ensemble. Elle doit fuir un passé chaotique, le trottoir et un souteneur impulsif. Lui, a une ferme à faire tourner et depuis le décès de son ex-femme, le besoin d’en trouver une nouvelle pour assurer les travaux agricoles sans embaucher une main d’œuvre qui lui couterait trop cher. Et l’amour dans tout ca ? Depuis quand, il faut s’aimer pour vivre ensemble ?

Tableau 1 : Suzie et Juvénal assis à la table de leur cuisine dans la ferme :

 

Suzie : L'amour, ah l'amour... cette petite flamme qui jamais ne s'éteint et n'attend que le vent de la passion pour redevenir un brasier tumultueux.

Juvénal : L'amour, c'est quand je lui dis : « ce soir, on ne regarde pas le foot à la télé, tu peux mettre ce que tu veux » ... de toute façon, j'aime pas le foot

Suzie : L'amour, cette fièvre qui nous emmène au-delà de nos limites dans des élans d'euphorie.

Juvénal : L'amour, c'est quand je lui dis « t'embête pas avec la vaisselle, ce soir … tu la feras demain matin »

Suzie : L'amour, ce nectar à la fois fort et suave que l'on boit à deux !

Juvénal : L'amour, c'est quand elle me dit, « t'es trop bourré, je prends le volant »

Suzie : L'amour c'est bâtir à deux nos projets en regardant ensemble vers l'infini

Juvénal : C'est par ou l'infini ?

Suzie : Mais c'est une image, bourricot. L'amour, c'est pouvoir supporter ses défauts, tous ses défauts ! … Et parfois, y'en a un paquet

Juvénal : L'amour, ben c'est quand on est deux à rentrer la récolte de patates, parce que tout seul, c'est fatigant !

Suzie : L'amour, ce doux parfum d'irrationnel qui nous incite à nous sublimer, à être tout, l'un pour l'autre

Juvénal : L'amour, c'est bien, mais faut pas abuser non plus parce qu’il y a le travail. Allez hop ! Au boulot !!!

Suzie : Et ben voilà ! l'amour, c'est le piège à con ! Les 20 ans de bagne ! Quand j'étais petite, je lisais des histoires de princesse qui embrassait un crapaud. Sous l'effet du baiser, le crapaud devenait prince charmant... Eh bien moi-aussi, j'ai trouvé mon crapaud, je l'ai embrassé et... et c'est resté un crapaud, vulgaire, rustre, difforme et répugnant. Et ça ne s'arrange pas avec le temps, ben non, comme il vous a trouvé, qu'il n'est plus seul, plus besoin de faire d'efforts pour vous séduire, relâchement assuré ! Il prend 30 kilos, se met à péter au lit ! Ah ! Le pet au lit, c'est le préliminaire de la routine qui s'installe, c'est la sortie de la romance pour arriver dans le quotidien pur et dur ! Et ça se lâche ! Au nom de tous les pets contenus par galanterie pendant ces mois où il vous camouflait ses mauvaises habitudes ! De toutes les créatures de ce monde, l'homme est le seul qui, pour vous séduire, cache sa vraie nature... remarquez, avec lui, je n’ai pas eu a attendre longtemps... il est du genre naturel et spontané, il n'a même pas conscience que ça peut incommoder !! je pense à ceux qui m'ont dit « mais il a une bonne situation ! Il a une grande propriété, du terrain... Non vraiment, tu n'as pas tiré le mauvais cheval... (elle rit) pas un mauvais cheval ! C’est un bourricot, oui ! Bon, j'avoue, je suis plus non plus vraiment une jeune princesse. Mais j'ai été, vous pouvez me croire une jeune fille romantique. Limite ingénue.

Juvénal (de retour) : ah ben ici, t'es ingénue agronome !

Suzie : Le lourdaud !!! Enfin, j'étais une élève studieuse, je suis allée au lycée !

Juvénal : Au quoi ?

Suzie : Le lycée !

Juvénal : C'est quoi ça ?

Suzie : oh un truc où tu n'es jamais allé ! Et c'est là que un jour à la sortie des cours, j'ai rencontré Gino, avec sa grosse bagnole, sa belle gueule,

Juvénal : Alors t'as eu que des beaux hommes dans ta vie !

Suzie : Avant toi, oui ! Donc Gino, sa gueule d'ange, ses costumes grande classe, ses cabriolets, son boniment !!! Ah, celui-là ! il m'a bien monté le bourrichon, il m'a fait plaquer les études, m'a mis en brouille avec ma famille. Il m'avait promis la vie de château et au final après quelques claques, il m'a offert un sac à main et 2 mètres carrés de trottoirs sur la rue du Faubourg de Roubaix, avec vue imprenable sur le vieux Lille ! Il rigolait pas le Gino, mais bon, quand t'es jeune que t'es amoureuse, tu peux être idiote. Ça rapportait bien notre petit bizness.... Enfin, ça rapportait surtout à Gino. Moi, j'étais devenue le parcmètre qu'il venait relever tous les jours. Enfin sur un instant de lucidité, j'ai décidé de changer de vie, me faire la belle, m'évader. voilà, mon histoire avec cet ostrogoth (elle montre Juvénal) a commencé par une fuite, que dis-je,  un exode. Echapper au trottoir ! Mais on va vous la raconter :

(noir)

 

Tableau 2 : Juvénal seul sur scène, téléphone en main

 

Juvénal : Allo ? Quoi ? Ah, l'annonce sur Tinder ? Oui ! C'est moi le beau male ténébreux. Si on peut s'voir ? Ben j'ai pas claqué 60 balles d'annonces juste pour rester au téléphone ! Vous connaissez un petit restaurant ? Ben vous avez les moyens vous ! Non, non, je plaisante ! Bon, on dit à quelle heure ? Midi, ah ben oui, c'est mieux pour manger, midi ! Bon et comment que je vous reconnaitrais ? Moi ? Ben, je serais l'homme le plus séduisant du restaurant !

 

 

 

Tableau 3 : table restaurant, Suzie attablée, Juvénal arrive

 

Suzie : Juvénal ?

Juvénal : Suzie ? Ah vous m'avez reconnu, j'en conclue que je suis bien l'homme le plus séduisant ! (Regardant autour) En même temps, y'a pas d'autre homme dans le restaurant

Suzie : Ben voilà, vous comprenez vite, vous !!! Je vous en prie, ne restez pas debout...

Juvénal : Je ne vous ai pas reconnu tout de suite, la photo que vous avez mis sur Tinder, vous étiez beaucoup moins vieille !

Suzie : C'est vrai qu’on ne peut pas se fier à une photo, moi, sur la vôtre, je trouvais que vous aviez un brin d’élégance !!! Enfin, bon, puisqu'on est là, on va causer ! Juvénal, le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est original comme prénom

Juvénal : Oui, mon père et mon grand-père s'appelaient aussi comme ça. Ça remonte à loin, dans la famille, on appelait à chaque fois le fils ainé comme ça. C'est la tradition

Suzie : Ah oui, les traditions à la con dans les familles, je connais. Chez nous c'était le bridge le dimanche

Juvénal : Et vous, c'est Suzie, donc ?

Suzie ; Enfin, oui, c'est un pseudonyme pour le travail, mon vrai prénom, c'est Suzanne

Juvénal : Ah, oui, c'est bien aussi Suzanne

Suzie : Oui, je vois, vous devez aimer le rustique, vous. Sinon, vous avez vu, j'ai choisi un restaurant romantique ! Repas à la chandelle !

Juvénal (s'asseyant) : Ils ont pas payé EDF pour mettre des bougies ?

Suzie : Sinon, vous pouvez enlever votre casquette ! Ça se fait en intérieur !

Juvénal : Ah oui, désolé !

Suzie : Ah, ben vous n'êtes pas très chevelu, vous !

Juvénal : C'est vrai ! Mais c'est depuis tout jeune que je les perds ! je me souviens mon grand-père y m'disais : « T'as plus un poil sur le caillou, on dirait ta grand-mère, à la libération »

Suzie : Votre mamie aurait été une pionnière dans l’amitié Franco-Allemande ?(Suzie lui tend la carte)

Juvénal : Ben, non, je suis venu pour manger, pas pour lire !

Suzie : Mais vous n'êtes jamais allé au restaurant ?

Juvénal : Ben non pas le temps, mais ici, c'est restaurant ou bibliothèque ?

Suzie : Non, mais c'est la carte des menus, vous choisissez ce que vous mangez

Juvénal : Ah, d'accord, ils ont mis là-dedans tout ce qu'il y a à manger ? ...Des Gamba ? C'est quoi ce machin ?

Suzie : Et bien ce sont des grosses crevettes

Juvénal : Ils ne peuvent pas juste dire crevettes, c'est juste pour m'embrouiller avec des grands mots, ça !!

Suzie : Mais non, gambas, c'est crevette en espagnol

Juvénal : Je m’en fous qu’elles soient espagnoles, c’est pour les manger, c’est pas pour causer avec. Quoi ? Elles sont à 29€95 ? Elles sont arrivées d'Espagne en jet privé pour être aussi chères ? … Ben, moi, je vais prendre un jambon purée !

Suzie : mais c'est le...

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