Si on se sépare, je reste

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Léa en a marre de son copain, Bastien. Il passe tout son temps libre sur ses jeux vidéo. Elle est bien décidée à le quitter. Donc il faut vendre la maison. Le problème est qu’elle leur appartient à tous les deux. Lui qui n’a jamais bougé de son fauteuil pour rénover leur logement ne croit pas à cette rupture et refuse catégoriquement de quitter les lieux. La situation semble bloquée. Alors, Léa, va faire appel au beau Sylvio, pour finir les travaux avant la vente. Rien de tel pour raviver la jalousie de Bastien, qui, de son côté, décourage tous les visiteurs. Mais l’arrivée de Solène, une acheteuse potentielle, va peut-être faire basculer la situation. En effet, cette ancienne psy, amoureuse de la maison, va vouloir prendre Bastien à son propre jeu. Cette joyeuse comédie, à quatre personnages, actuelle, pleine de quiproquos et de répliques piquantes, va rappeler à certains que pour profiter pleinement de la vie, il faut parfois lever le nez de son écran..

Liste des personnages (4)

BASTIENHomme • Adolescent/Jeune adulte/Adulte • 420 répliques
Bastien est un homme focalisé sur ses jeux vidéo. Il est bordélique, fainéant.42
LEAFemme • Jeune adulte/Adulte/Adolescent • 410 répliques
Léa est une jeune femme, courageuse, déterminée.
SYLVIOHomme • Jeune adulte/Adulte/Adolescent • 300 répliques
Sylvio est un homme courageux, travailleur, charmeur.
SOLENEFemme • Adolescent/Jeune adulte/Adulte • 221 répliques
Solène est une femme au caractère bien trempé. En aucun cas, elle ne se laissera dominer par un homme.

Décor (1)

SALON COMTEMPORAINUn séjour avec deux gros fauteuils confortables et quelques meubles contemporains. Une table basse avec un ordinateur. Côté jardin, premier plan, la porte de la petite chambre, deuxième plan, la porte d’entrée. En fond de scène, d’un côté, la porte de la cuisine et de l’autre celle de la salle de bain. Côté cour, un passage vers les toilettes et la grande chambre.

Si on se sépare, je reste !

 

Une comédie de François Scharre

 

Décor : un séjour avec deux gros fauteuils confortables et quelques meubles contemporains. Une table basse avec un ordinateur. Côté jardin, premier plan, la porte de la petite chambre, deuxième plan, la porte d’entrée. En fond de scène, d’un côté, la porte de la cuisine et de l’autre celle de la salle de bain. Côté cour, un passage vers les toilettes et la grande chambre.

 

Acte 1

Scène 1 :

 

Au lever du rideau, Bastien est seul en scène. Il est affalé sur un fauteuil devant un écran d’ordinateur. À côté de lui, sur le sol, plusieurs canettes de bière vide. Il tient dans les mains une manette de jeu vidéo. Il a un casque muni d’un micro. Il parle manifestement à un copain avec qui il joue.

 

BASTIEN - Comment je t’ai bouffé ton drone !... (Il se démène avec sa manette) Tiens ! Prends ça dans ta face ! (Il recommence) Et encore 3000 points de bonus pour moi ! Et tiens ! Bingo ! Encore deux gardes abattus ! Tu dis plus rien, mon gros !...Oh ! Ça va ! Tu vas pas me faire la gueule parce que, pour une fois, c’est moi qui gagne ! Quoi ? Une revanche ? Eh ben, ça marche !

(Léa entre par la porte d’entrée. Elle pose son sac, regarde Bastien dans le fauteuil et soupir en levant les yeux au ciel. Apparemment, Bastien ne l’a pas entendu entrer.)

Viens par là, je vais te foutre une bonne raclée !

LÉA - Quoi ?

BASTIEN - T’en as pas assez eu tout à l’heure ?

LÉA - Non, mais, Bastien, t’es pas bien !

BASTIEN, il ne l’a toujours pas vu. - Tiens ! Prends ça, mon gros !

LÉA réalisant qu’il ne s’adressait pas à elle. - Ah oui ! Bien sûr ! Tu es encore en train de jouer avec JP ! (Elle frappe deux fois très fort dans ses mains) Ouh ouh ! Je suis là !

BASTIEN, sursautant et retirant le casque d’une de ses oreilles. - Oh ! T’es conne ! Tu m’as fait flipper !

LÉA - Sympa, l’accueil !

BASTIEN - Mais non, JP ! C’est pas à toi que je parle ! C’est Léa qui fait exprès de me foutre la trouille  ! Tiens ! Amène-moi une bière, chérie !

LÉA - Et "s’il te plaît", ce ne serait pas trop demander ! (Elle sort vers la cuisine et revient aussitôt avec une canette de bière.)

BASTIEN - Tiens ! Prends encore ça !

LÉA, lui tendant la canette de bière. - Tu es passé chez Bricoltou ?

BASTIEN - Il faut me l’ouvrir, ma puce ! Tu vois bien que je ne peux pas, là !

LÉA, elle prend un décapsuleur qui traîne par terre et ouvre la canette. - Tu ne veux pas que je te la boive non plus ? Tu devais rapporter une porte pour les toilettes !

BASTIEN, lâchant une main de son jeu pour attraper la canette. - Oh ! Mais tu le fais exprès, Léa ! Il faut m’en amener une du frigo ! Celle-là, elle est chaude !

LÉA, soupir et va, énervée jusqu’à la cuisine, chercher une autre canette. - Alors tu n’es pas passé chez Bricoltou ?

BASTIEN - Non ! Je n’ai pas eu le temps, ma puce ! (À JP.) Oh tu ne l’as pas vu venir, celle-là, JP ?

LÉA, reviens lui apporter sa canette fraîche. - T’es lourd, Bastien ! Ça fait trois semaines que tu dois aller chercher cette porte !

BASTIEN, prenant la canette. À Léa. - Décapsuleur ! (À JP) Oh, mon cochon ! Tu m’as flingué mes deux gardes d’un coup !

LÉA - J’en ai marre, Bastien !

BASTIEN - Ah ! La vache ! Tu m’as encore bousillé un drone ! Mais je peux encore m’en sortir !

LÉA se plante devant lui. - Tu m’écoutes ! Je te dis que j’en ai marre !

BASTIEN - Reste pas devant, chérie ! Je ne vois plus rien !

LÉA - Il n’y en a que pour tes jeux ! On a plus de vie de couple !

BASTIEN - Pousse-toi Léa ! C’est pas le moment ! Il ne me reste qu’un drone et j’ai perdu mon bras droit dans le dernier assaut !

LÉA - Et t’es en train de perdre ton cerveau dans ton jeu ! En plus, tu ne fais rien pour m’aider ! Pour commencer, tu me rangeras toutes tes canettes vides, là !

BASTIEN - Allez ! Dégage, quoi ! Oh non ! C’est pas vrai ! Tu m’as fait perdre ! T’es chiante, hein ! (À JP) Te marre pas, toi ! Si t’as gagné, c’est parce qu’il y a Léa qui m’a gêné ! Elle est toujours en train de me déconcentrer !

LÉA - Bastien ! On pourrait avoir une discussion sérieuse ?

BASTIEN, à JP. - Un peu, mon neveu ! Tu vas pas me laisser sur une défaite !

LÉA - Mais il va continuer, c’est pas vrai !

BASTIEN - Et là, Léa, tu dégages, je veux plus te voir, d’accord ?

LÉA - Tu ne crois pas si bien dire ! On va prendre un peu de distance tous les deux !

BASTIEN - Alors, mon JP, t’es prêt pour l’ultime combat ? Trois, deux, un partez ! (Léa va débrancher la prise de l’ordinateur) Merde ! L’ordi à planter, JP ! J’ai plus d’images !

LÉA, lui arrache le casque des oreilles. - Oui ! C’est moi qui ai coupé ! Et maintenant, tu n’as plus le son, comme ça, tu vas peut-être pouvoir te concentrer sur moi !

BASTIEN - Non, mais t’es pas bien !

LÉA - C’est vrai, je ne suis pas bien depuis quelque temps !

BASTIEN - On ne débranche jamais un ordi comme ça ! Ça l’esquinte !

LÉA - C’est le seul moyen que j’ai trouvé pour attirer ton attention !

BASTIEN - Ouais ! Eh ben, c’est pas malin !

LÉA - J’en ai marre de tes jeux vidéo !

BASTIEN - Si je ne peux même plus me détendre en rentrant du boulot !

LÉA - OK ! Te détendre, pourquoi pas ! Mais tous les jours, tu rentres et tu te vautres dans ce fauteuil ! Tu ne viens même plus manger avec moi ! Je t’apporte ton repas devant ton jeu !

BASTIEN - Oui, mais c’est parce que là, je viens de m’acheter le dernier "tomb of fire "!

LÉA - Mais on a déjà eu cette discussion ! C’était pareil avec le jeu précédent !

BASTIEN - Je vais faire attention, Léa !

LÉA - Tu m’avais déjà dit ça la dernière fois ! J’en peux plus, Bastien ! Il faut être honnête, il vaut mieux que l’on se sépare !

BASTIEN - Mais non ! Tu déconnes ?

LÉA - J’ai pas du tout la tête à déconner, là, tu vois !

BASTIEN - Oh ! C’est pas parce que je reste un peu longtemps sur mes jeux que l’on va se séparer !

LÉA - Un peu longtemps ? De dix-sept heures trente que tu rentres, jusque deux ou trois heures du mat ! Quand tu n’es pas au boulot, tu es devant ta console ! On est déjà séparé ! Tu vis en couple... avec ta console !

BASTIEN - T’as rencontré quelqu’un ? C’est ça ?

LÉA - Non ! Pas du tout !

BASTIEN - Si ! T’as rencontré quelqu’un et tu trouves un prétexte pour me larguer !

LÉA - Alors déjà, je ne sais pas où j’aurai trouvé le temps de rencontrer quelqu’un !

BASTIEN - C’est vraiment vache ce que tu fais !

LÉA - Non, mais tu ne veux pas te rendre à l’évidence : je veux me séparer de toi non pas pour quelqu’un, mais à cause de toi !

BASTIEN - On était bien tous les deux ! Sinon, on n’aurait pas décidé d’acheter cette maison ensemble ! C’était notre rêve d’avoir cette maison ! Et maintenant, tu veux tout gâcher sur un coup de tête !

LÉA - Mais ce n’est pas un coup de tête, Bastien ! Effectivement, on était bien tous les deux ! Mais quand on a décidé d’acheter cette maison, tu savais qu’il y avait des travaux à faire dedans ! Moi, j’ai cru que l’on allait se retrousser les manches et se faire un super "chez nous" !

BASTIEN - Eh bien quoi ! On n’est pas bien chez nous ?

LÉA - Depuis un an qu’on a acheté, je me démène pour essayer de faire avancer les choses !

BASTIEN - Mais les travaux, ça prend du temps, c’est normal !

LÉA - Ah  ! C’est sûr que, quand on ne fait rien, ça prend plus de temps ! Ça peut même prendre toute la vie ! Le carrelage de la salle de bain n’est pas terminé, depuis deux mois que s’est commencé ! Le rideau provisoire de la douche qui tombe sans cesse, ça fait presque un an que l’on doit installer une porte en verre ! Et alors, je ne parle pas de la porte des toilettes ! Super, l’intimité ! Quand on est sur le trône, tout le monde en profite !

BASTIEN - Chaque chose en son temps ! Profitons de notre jeunesse !

LÉA - Ah oui ! Chaque chose en son temps ! Mais ton temps, tu le passes devant ton écran, tu ne le passes pas avec moi ! Alors, explique-moi à quoi ça sert de rester ensemble.

BASTIEN - T’énerves pas, ma puce !

LÉA - Non, non ! Et puis arrête de m’appeler "ma puce", parce que la puce c’est un parasite et le parasite, ici, ce serait plutôt toi !

BASTIEN - Oh ! Mais qu’est-ce que t’as à être énervé comme ça ! T’as tes ragnagnas !

LÉA - Ah ça ! C’est bien une réflexion de mec ! Non, je n’ai pas mes règles si tu veux savoir, mais pour ce que tu m’approches en ce moment, ça ne change pas grand-chose !

BASTIEN - Ah ! c’est ça ! Tu veux un petit câlin ! (Il s’approche d’elle tendrement), Mais il fallait le dire tout de suite, ma chérie !

LÉA - Non, non ! Tu ne m’approches pas ! Tu n’as pas compris, je viens de te dire : on se sépare ! (Elle sort vers la chambre)

BASTIEN - Mais qu’est-ce que tu fais ? Tu ne vas pas faire ta valise quand même ! Réfléchi encore !

LÉA, entre avec un oreiller et des draps dans les bras. - Mais c’est tout réfléchi, mon petit bonhomme !

BASTIEN - Attends avant de partir !

LÉA - Mais, qui t’a dit que je partais ?

BASTIEN - Mais là, qu’est-ce que tu fais ?

LÉA - Je change de chambre !

BASTIEN - Mais non ! C’est ridicule, voyons !

LÉA - Pour ce qu’on y faisait ensemble dans notre lit ! Je ne verrai pas beaucoup la différence ! (Elle sort par l’autre côté)

 

(Bastien soupire. Il va brancher son ordinateur puis remet son casque sur ses oreilles.)

 

BASTIEN - Oui, JP !...Non, c’est pas l’ordi qu’a planté ! C’est plutôt Léa qui m’a planté ! Oh ! Ben, elle pique sa crise ! C’est pas la première fois, ça lui passera ! Sauf que cette fois, elle est partie coucher à côté !... Hein ? Non ! Pas avec le voisin ! T’es con toi ! Elle s’installe dans la petite chambre ! Je crois que c’est pour marquer le coup ! Pour ce soir, on arrête ! Je te rappellerai demain et je vais te ratatiner, mon gros ! Quoi ?...Pour Léa ? T’inquiète ! Ce soir, je vais l’amadouer avec un coup de resto en amoureux et après une nuit de folie, je vais la ramener dans ma chambre, la cocotte !

(Il ramasse les canettes vides qui sont à côté du fauteuil et se dirige vers la cuisine. Léa sort de la petite chambre.)

Chérie ! Si on allait au nouveau resto italien, ce soir ! C’est moi qui t’invite !

LÉA, ironique. - Pourquoi ? Ton ordi ne redémarre plus ?

BASTIEN - Non, déconne pas ! On fait la paix ! (Il va pour l’embrasser, elle esquive au dernier moment) Ça va où les bouteilles en verre ?

LÉA s’arrête net. - Quoi ? Tu ne sais pas où vont les bouteilles vides ! Tu vois, Bastien, depuis un an qu’on est ici !...

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