Un dîner d’affaires (ou presque)

Résumé de la pièce
La répétition d’”Un dîner d’affaires” doit avoir lieu, mais un événement de taille se produit… Le public est déjà dans la salle, un mois avant la première, c’est un peu tôt pour que tout soit prêt ! Le public ne veut pas sortir… Il ne reste qu’une chose à faire : jouer la pièce coûte que coûte, et ce, malgré le naufrage annoncé !

Résumé d’”Un dîner d’affaires”
Suite à un mensonge, Albert engage une prostituée sexy pour se faire passer pour sa femme le temps d’un dîner d’affaires avec son patron, son directeur financier et leurs épouses. À l’arrivée de son patron, il découvre que sa femme n’est rien de moins que sa maîtresse…




Un dîner d'affaires (ou presque)

Acte 0

« L’avant spectacle »

Kevin, le technicien

Kevin s’est glissé dans le staff d’accueil du public. Il est nerveux, voire affolé, car il est surpris de voir le public arriver. Pendant toute la réception du public, il improvise.

Il essaye régulièrement de joindre Jean-Marc à son talkie-walkie, par exemple :

« Jean-Marc, réponds. »

« Kevin à Jean-Marc, réponds. »

« Jean-Marc, réponds c’est assez urgent. »

« Jean-Marc, je ne comprends pas, le public rentre en salle. »

« Jean-Marc, allôôô, tu ne m’as pas prévenu que c’était aujourd’hui. »

« Il ne sait toujours pas se servir d’un talkie-walkie. »

« Je suis sûr qu’il ne l’a pas allumé. »

Il peut demander à des personnes du staff d’aller voir Jean-Marc parce qu’il ne répond pas, et le staff répond qu’ils sont occupés.

Il s’adresse au public, par exemple :

« Vous êtes venus voir quelle pièce ? »

« Vous ne vous êtes pas trompés de jour ? »

« Vous avez acheté la place sur quel site ? C’était bien pour cette date ? »

Pendant que le public entre en salle, le technicien est sur scène en train de préparer le décor. Il chante : « Je, je suis libertine, je suis une catin… » Casque sur les oreilles, il ignore la présence du public. Il a son escabeau et ses outils pour installer un lustre. Il est très maladroit : il installe son escabeau qui tombe aussitôt, n’arrive pas à le décoincer, fait tomber ses outils…

Acte 1

« Le quiproquo »

Scène A1 – Y a du public !

Tous (sauf Sara et l’apprenti)

Jean-Étienne parle dans le hall d’entrée avec Kevin, puis entre dans la salle. Kevin s’arrête à la porte de la salle.

Kevin. — Tu leur diras toi-même, parce que Jean-Marc a bien son talkie-walkie, mais visiblement il ne sait pas s’en servir !

Kevin ferme la porte et sort. Jean-Étienne ralentit lorsqu’il se rend compte de ses yeux que le public est déjà en salle. Il traverse la scène en manquant de tomber sans quitter le public des yeux.

Jean-Étienne, se dirigeant vers la coulisse. — Rolalaaaaaa ! Jean-René… Jean-Renéééééé ! (Il sort.)

Jean-René, voix efféminée depuis les coulisses. — Oui ? Quoi ? Qu’est qu’y a ? Eh ! oh ! On n’est pas le 1er avril ! (Il entre d’un pas décidé, puis ralentit au fil de la découverte du public. Jean-Étienne passe la tête au bord des coulisses.) Tabarnack ! (Il sort sans quitter le public des yeux.) Jean-Marc… Jean-Maaaaarc !

Jean-Étienne. — Ah ! tu as vu !

Jean-Marc, voix efféminée depuis les coulisses. — Oui ? Quoi ? Qu’est qu’y a ? Eh ! oh ! On n’est pas le 1er avril !

Jean-René. — Tiens, c’est marrant, c’est justement ce que je disais à Jean-Étienne quand…

Jean-Marc. — Ta gueule ! (Il entre d’un pas décidé, puis ralentit au fil de la découverte du public. Jean-Étienne et Jean-René sont rentrés au bord des coulisses.) Oh putain, oh putain, oh putain !

Jean-Étienne et Jean-René. — Ah ! tu as vu !

Jean-Marc. — C’est quoi ce bordel ? (La costumière et Pénélope passent la tête, puis Zoé tombe dans les pommes. Elle est tirée par les pieds et disparaît dans les coulisses.) Qu’est-ce que vous foutez là ? (Jeu avec le public.) C’est Kevin qui vous a dit d’entrer ? Je vais appeler Kevin à l’accueil, il va m’entendre ! (Il prend son talkie.) Kevin, tu es là ? (Plus lentement et en articulant.) Youhou ! Kevin ? Pourquoi il ne répond pas, ce con ?

Jean-Étienne. — Tu l’as allumé ?

Jean-Marc. — Kevin ? Non, pas encore, mais j’vais pas tarder !

Jean-Étienne. — Non, l’appareil.

Jean-Marc. — Ah oui ! Non.

Jean-Étienne. — Il faut que tu actives le bidule et que tu appuies sur le machin quand tu parles.

Jean-Marc. — Tu n’as pas plus précis ?

Jean-René. — Tu tournes le bouton sur le devant pour allumer le talkie, puis pour parler tu appuies sur la touche du côté de l’appareil et une fois que tu n’as plus rien à dire tu la lâches.

Jean-Marc. — Je lalache ?

Jean-Étienne. — Oui, la toutouche !

Jean-Marc, lui tendant le talkie. — Tiens, toi qui fais le mariole.

Jean-Étienne. — C’est que…

Jean-Marc. — Quoi ?

Jean-Étienne, prenant le talkie. — Non, rien. (À lui-même.) J’aurais mieux fait de fermer ma gueule.

Jean-Marc. — Quoi ?

Jean-Étienne, au talkie. — Allô ! Kevin ?

Kevin, off, au talkie. — Kevin à Jean-Marc. Parlez.

Jean-Étienne. — Non, Kevin, ici c’est Jean-Étienne.

Kevin, off, au talkie. — Kevin à Jean-Étienne. Il est pas là, le gros ? Parlez.

Jean-Marc. — Qu’est-ce qu’il a dit ?

Grosse gêne.

Jean-Étienne, au talkie. — Depuis le temps qu’on se connaît, tu sais que tu peux me tutoyer.

Kevin, off, au talkie. — Kevin à Jean-Étienne. Oui, je sais. Parlez.

Jean-Étienne. — C’est bizarre, non, qu’il me vouvoie ?

Jean-René, imitant Jouvet. — Tu as dit bizarre ? Comme c’est bizarre…

Jean-Étienne. — Oh ! excellent !

Jean-Marc, énervé. — Oh ! j’ai les papillons qui bourdonnent !

Jean-René. — Il te vouvoie parce qu’au talkie, quand tu parles, tu dis qui tu es, puis tu dis à qui tu parles, ensuite tu dis ce que tu as à dire, et enfin tu finis par « parlez ».

Jean-Étienne. — Et je finis par parler ? Une fois que j’ai fini de dire ce que j’avais à dire ?

Jean-René. — Exactement !

Jean-Étienne. — J’ai rien compris.

Jean-Marc, prend le talkie et le passe à Jean-René. — Eh, on va pas se tailler les buissons quand la caravane passe ! Vas-y, toi !

Jean-René, à Jean-Étienne. — Je ne comprends rien à ses expressions. (Au talkie.) Jean-René à Kevin. Qui sont les gens dans la salle ? Parlez.

Jean-Étienne. — Aaaaaaaaah ! Tu finis par « parlez » ! Moi j’avais compris que tu finissais par parler, pas par « parlez ». (Regard noir de Jean-Marc.) Non, rien !

Kevin, off, au talkie. — Kevin à tous les Jean-quelque chose. Ça fait une heure que j’essaye de vous le dire. C’est le public ! Parlez.

Derrière eux, le technicien se prend une décharge électrique sur la tête en montant sur son escabeau. Il crie et les plombs sautent.

Jean-Marc. — Qu’est-ce que c’est que ce bordel, encore ?

Jean-René. — C’est Jean-Pierre qui s’est encore pris un court-jus.

Jean-Marc. — Ah ! c’est pas grave ! Il est tellement entraîné qu’il pourrait se reconvertir en paratonnerre. Jean-Étienne ! Va remettre les plombs ! (Au talkie, lentement et fier d’avoir compris comment faire.) Euh… Jean-Marc à Kevin. On se doute qu’il s’agit d’un public, mais la question est plutôt : que font-ils dans la salle ? Euh… parlez.

Kevin, off, au talkie. — Kevin à Jean-Marc. C’est la première. Parlez.

Jean-Marc. — La première quoi ? (Kevin ne répond pas.) Jean-Marc à Kevin. (À nouveau fier de lui.) La première quoi ? Parlez.

Kevin, off, au talkie, énervé. — Ben, la première représentation ! Le grand soir ! Le soir où les spectateurs seront les premiers à voir la pièce ! La première, quoi ! Le soir où les critiques débarquent pour tailler un short au metteur en scène ; à toi, Jean-Marc. Le soir où tout le monde va faire dans son froc, le soir où…

Jean-Marc. — On a compris, on a compris !

Kevin, off, au talkie. — Le soir où les balloches vont transpirer ! Le soir où les intestins vont se liquéf…

Bruit du bouton d’arrêt.

Jean-Marc. — Qu’est-ce qu’il raconte ? La première ? C’est toi, Jean-René, qui t’occupes du planning des répétitions et des représentations, tu nous as dit que la première était dans un mois pile.

Jean-René. — Oui, la première c’est le (date du jour).

Jean-Marc. — Comment ça le (date du jour) ? Mais c’est aujourd’hui, bougre d’abruti !

Jean-René. — T’es sûr ? Parce que d’habitude je suis quelqu’un de super fiable.

Jean-Marc. — Oh ! putain !

Tous les comédiens entrent sur scène. Brouhaha. La lumière revient. Silence. Une musique démarre à fond. Le technicien est toujours allongé au sol.

Kevin, en régie, coupant la musique. — Pardon, désolé !

Jean-Marc, voyant le public. — Oh ! putain !

Zoé tombe dans les pommes en découvrant le public. Ils se mettent maladroitement devant elle pour la dissimuler. Ils se déplacent vers la coulisse en la tirant dehors et sortent de scène. Le technicien se relève, les cheveux pointés vers le ciel. Il réinstalle son lustre vite fait, commence à s’en aller et, à peine parti, le lustre tombe. Il le réinstalle.

Jean-René, passant la tête. — Ils sont toujours là !

Jean-Marc, passant la tête. — Bon ! Il va falloir leur dire que cela ne va pas être possible. On va tirer à la courte pâte !

Jean-René. — Tu veux dire à la courte paille ?

Jean-Marc. — Oui, c’est ça, à la courte pâte.

Ils disparaissent.

Scène B1 – La dépression de Sara

Le technicien, Sara, Jean-Étienne

Une comédienne, l’air abattu, entre par la porte de la salle. Elle voit le public mais ne réagit pas. Elle monte sur scène et passe derrière le technicien qui la voit.

Le technicien. — Ben, ma petite Sara, ça n’a pas l’air d’aller…

Sara, pleurant et tombant dans ses bras. — Gabriel vient de me quitteeeeeer !

Le technicien, retirant son casque. — Quoi ?

Sara. — Gabriel m’a quittéééééée !

Le technicien remet son casque pour éviter les cris, puis le retire.

Le technicien. — Ah ! je croyais que c’était grave…

Sara s’est arrêtée sous le lustre. Le technicien le regarde et déplace Sara de quelques pas.

Sara. — Mais c’est graaaaaave ! Il m’a dit qu’il avait une maîtresse depuis trois mois. Tu te rends compte ? Une maîtreeeeeesse !

Le technicien. — Il avait peut-être envie de retournassiez à l’école.

Sara. — Mais c’est pas drôôôôôôle, en plus elle est institutriiiiiice !

Le technicien. — M’enfin, tu es comédienne, lui est expert-comptable ! C’était comme mettre en couple un tigre de Tasmanie et un chihuahua. Y en a un qui ne demande qu’à chasser le gnou, quand l’autre tombe malade quand tu lui déplaces sa gamelle. Alors, forcément…

Sara. — Mais il n’y a pas de gnou en Tasmaniiiiiie. J’suis pas en état de faire la répétitiiiiiion.

Le technicien. — T’inquiète ! On a encore le temps avant la première, ce n’est pas grave de perdre une journée. Viens, on va leur dire.

Ils sortent. On entend des voix en coulisses. Jean-Étienne rentre sur scène suivi du technicien.

Jean-Étienne. — Ben regarde si tu ne me crois pas !

Le technicien. — Tout ce monde-là pour une répétition ? C’est magnifique !

Jean-Étienne. — Mafimique, mafimique, ben pas tellement !

Le technicien. — Ben pourquoi ?

Jean-Étienne. — Ils pensent être à la première.

Le technicien. — Nan !

Jean-Étienne. — Si !

Le technicien. — Ben ils sont cons ou quoi ? Nan mais faut pas rester là, m’sieurs-dames ! C’est pas maintenant qu’il eut fallu venir. Vous vous êtes gourassé de mois !

Jean-Étienne. — Gouré. On dit « gouré ».

Le technicien. — Ah ! je sais ! Vous me faites une caméra cachée, c’est ça ? Ah non, bien joué ! Nan, vraiment, j’ai failli me laisser eu ! Où c’est qu’y sont, Camille Crotin ou Jacques Croulant ? Ah ! c’est peut-être François de… Il est d’où, déjà, ce con ? D’Amiens ! Où c’est qu’il est, François d’Amiens ? Où c’est qu’elle est, la caméra ? (Il cherche la caméra. Jean-Étienne vient lui dire un mot à l’oreille.) Nan ?

Jean-Étienne. — Si !

Le technicien, moins fort. — Nan ?

Jean-Étienne, moins fort. — Si !

Le technicien. — Oh ! les cons ! (Il sort en criant.) Euh… Sara, finalement je crois que tu ne vas pas pouvoir rentrer chez toi.

Échanges verbaux en coulisse. Sara rentre sur scène, tête baissée, abattue. Le technicien et Jean-Étienne sont rentrés sur scène au bord des coulisses. Sara s’arrête centre scène et regarde le public.

Sara. — Il m’a quittéééééééée !

Elle se met à pleurer, puis ressort à cour entourée du technicien et de Jean-Étienne.

Le rideau se ferme.

Scène C1 – On annule

Tous

On entend la discussion des comédiens derrière le rideau.

Jean-Marc, off. — Jean-Étienne, t’as pas tiré !

Jean-Étienne, off. — J’ai jamais de veine.

Jean-René, off. — C’est obligatoire. Même Zoé a tiré !

Jean-Étienne, off. — J’suis sûr qu’il y a de la triche.

Jean-René, off. — Ah non ! C’est moi qui surveille, et tu sais à quel point je suis fiable.

Le technicien, off. — Alors, c’est qui qui a perdu ?

Jean-Étienne, off. — J’vous l’avais dit ! J’vous l’avais dit ! J’ai jamais de veine !

Jean-Étienne est propulsé devant le rideau. Il tient dans sa main une toute petite paille qu’il cache derrière son dos. Il se retourne pour essayer de sortir, mais le rideau semble maintenu. Il fait face au public, tout gêné. Il regarde les coulisses, fait des pas de danse pour sortir à cour. À peine sorti, il est propulsé sur scène. Il fait de nouveaux pas de danse pour sortir à jardin. Il est arrêté par un taser sortant des coulisses. Un papier sort du rideau centre scène. Jeu avec la feuille pour que Jean-Étienne l’aperçoive. Nouveaux pas de danse pour aller lire la feuille. Jeu pour lire la feuille discrètement.

Jean-Étienne. — Mesdames, messieurs, mesdames, messieurs, mesdames. En raison d’un incendie en coulisse… (Une main sort des coulisses, tenant une poubelle avec un feu à l’intérieur.) du décès de notre metteur en scène… (Entrée du technicien et de l’apprenti portant Jean-Marc très difficilement. L’apprenti est content de voir le public. Il lâche Jean-Marc et fait un coucou au public. Jean-Marc se réveille. L’assistant le reprend. Jean-Marc refait le mort. Sortie.) et d’une coupure de courant… et… (Plus fort.) d’une coupure de courant… (Il regarde vers la régie en faisant des signes de la tête. Les lumières s’éteignent, éclairage minimum. Il n’arrive plus à lire sa feuille, prend son briquet et met le feu au texte sans faire exprès. Le technicien vient l’éteindre avec un extincteur.) la pièce Un dîner d’affaires ne pourra vous être interprétée ce soir. Elle se tiendra dans environ un mois. Merci de votre visite.

Il sort de scène par le rideau central. Échanges verbaux. Après un temps, Jean-René passe la tête puis la rentre.

Jean-René, off. — Ils sont encore là.

Le technicien, passant la tête. — Oh ! les cons ! Ils sont vraiment cons ! Qu’est-ce qu’on fait ?

Murmures derrière le rideau. Jean-Marc rentre timidement sur le plateau.

Jean-Marc. — Tu peux rallumer, s’il te plaît ?

Kevin, en régie. — Y a une panne de courant !

Jean-Marc. — Je crois qu’ils ne sont pas dupes ! (La lumière revient. Tous rentrent sur le bord du plateau. La costumière regarde amoureusement Jean-Étienne. Sara pleure dans les bras du technicien. Zoé tombe dans les pommes.) Mesdames, messieurs, la représentation est annulée. Vos places vont vous être remboursées.

Kevin, en régie. — Ce n’est pas possible de rembourser les places, on a encore trop de dettes.

Jean-Marc. — Mesdames, messieurs, la représentation est annulée… euh… sans remboursement. (À adapter selon la réaction du public.) Nous ne pouvons pas vous jouer la pièce, nous ne sommes pas prêts. (À adapter selon la réaction du public.) Bon, je vous propose de vous faire voter. Qui est pour que nous annulions la représentation de ce soir, et… euh… même sans que l’on vous rembourse les places ? (À adapter selon la réaction du public.) Que ceux qui veulent que nous annulions la représentation lèvent la main. (À adapter selon la réaction du public.)

Jean-Étienne, se plaçant à côté de Jean-Marc. — Ils n’ont peut-être pas compris la question ?

Jean-René, se plaçant à côté de Jean-Marc. — Que ceux qui veulent que la pièce soit jouée se lèvent.

Le technicien. — Oh ! les cons !

Jean-Étienne. — Que ceux qui veulent que nous jouions la pièce restent debout, mettent les bras en l’air et font des marionnettes au-dessus de leur tête pendant trois secondes.

Le technicien, se plaçant à côté de Jean-Marc. — Oh ! les cons ! Que ceux qui veulent que la pièce soit jouée retirent leur pantalon et se…

Jean-Marc, énervé. — Oui, ben c’est bon, on a compris ! (Tous sortent, sauf Jean-Marc.) D’avance, il faudra nous excuser si la mise en scène et la direction d’acteurs ne sont pas complètement nickel, il nous restait normalement encore du temps pour répéter. (Jean-Étienne revient, glisse un mot à l’oreille de Jean-Marc et sort.) D’avance, il faudra nous excuser si les comédiens et le texte ne sont pas complètement au point, il nous restait normalement encore un peu de temps pour répéter. (La costumière rentre, vient glisser un mot à l’oreille de Jean-Marc et sort.) Il faudra nous excuser si les costumes ne sont pas complètement adaptés, il nous restait normalement encore…

Le technicien, passant la tête. — Il eut fallu nous excuser si les décors ne fument pas complètement finis.

Kevin, en régie. — Euh… tu peux leur dire que les musiques et les sons ne seront pas complètement nickel non plus ? (Après un temps.) Tu peux leur dire ?

Jean-Marc. — Je crois qu’ils ont entendu !

Kevin, en régie. — Euh… oui, alors mesdames, messieurs, mesdames, il faudra nous excuser si les lumières ne sont pas complètement prêtes non plus… voire même pas prêtes du tout… voire inexistantes.

Jean-Marc. — On peut peut-être arrêter avec les mauvaises nouvelles ! Mesdames, messieurs, mesdames, messieurs, mesdames, le temps de nous préparer et nous allons vous interpréter… enfin, nous allons tenter de vous jouer Un dîner d’affaires. (Il fait un signe de croix.) En attendant qu’on mette tout en place, on vous propose un petit intermède musical.

Il sort. Intermède musical. Les musiciens rentrent. Le clavier fait signe qu’il n’a pas de courant. Le technicien sort des coulisses pour montrer que la prise n’était pas branchée. Il la branche. Étincelle. Noir.

Un des musiciens. — Moi, au moins, je peux toujours jouer de la flûte.

Le courant revient. Les musiciens sursautent de voir le corps du technicien allongé. Il se relève, le visage un peu noirci, les cheveux encore plus pointés vers le ciel.

Le technicien, groggy. — Ça va ! Ça va ! C’est rien !

Il sort. Les musiciens jouent le générique de La Séquence du spectateur.

Acte 2

« Le décor »

Scène D1 – Albert et le décor

Albert, Jean-René, les musiciens, le technicien

Trois coups de brigadier. Le rideau s’ouvre, faisant apparaître un décor d’appartement. Canapé au centre avec table basse. Musique. Albert est debout centre scène. Alors qu’il s’apprête à commencer, le décor du fond tombe. Albert sursaute. Les rideaux se referment. Intermède musical. Pendant l’intermède, on entend de nombreux coups de marteau derrière le rideau.

Jean-René, off. — Fais gaffe à tes doigts !

Le technicien, off. — Quoi ?

Jean-René, off. — Fais gaffe à tes doigts.

Le technicien, off. — Et ta mère, elle fait… (Il se frappe sur le doigt, on l’entend crier.) Aïe ! Bordel de jus de pruneaux !

Jean-René, off. — Je te l’avais dit ! Tu sais à quel point je suis quelqu’un de fiable !

Acte 3

« Le mauvais texte »

Scène D2 – Jean-René et le texte

Éraste (Jean-René), Jean-Marc

Trois coups de brigadier. Le rideau s’ouvre, faisant apparaître le même décor d’appartement avec en plus : un cadre avec la trace de la main ensanglantée du technicien et une lampe. Jean-René a le costume d’Éraste.

Éraste. — Sous quel astre, bon Dieu, faut-il que je sois né,

Pour être de Fâcheux toujours assassiné !

Il semble que partout le sort me les adresse,

Et j’en vois chaque jour quelque nouvelle espèce ;

(Signes de Jean-Marc en coulisses avec un texte à la main, il ne le voit pas.)

Mais il n’est rien d’égal au Fâcheux d’aujourd’hui ;

J’ai cru n’être jamais débarrassé de lui,

Et cent fois j’ai maudit cette innocente envie

Qui m’a pris à dîné de voir la comédie,

Où, pensant m’égayer, j’ai misérablement

Trouvé de mes péchés le rude châtiment.

Le rideau se ferme.

Jean-René, off. — Pourquoi vous me coupez ? J’étais hyper bien parti !

Jean-Marc, off. — Oh ! putain ! Oh ! putain ! Qui m’a foutu un con pareil ? Ce n’est pas notre pièce que tu joues, là !

Jean-René, off. — Comment ça ?

Jean-Marc, off. — Nous jouons Un dîner d’affaires, on ne fait pas du Molière !

Jean-René, off, la voix disparaissant en coulisses. — Oh ! pardon, Jean-Marc ! Je suis pourtant quelqu’un d’hyper fiable ! C’est parce que je joue Éraste en ce moment. Jean-Marc ? Jean-Marc ?

Intermède musical.

Acte 4

« Le début raté »

Scène D3 – La panique

Jean-René, Albert (Jean-Étienne), l’apprenti technicien

Deux coups de brigadier, le troisième coup est étouffé. On entend un cri.

Le technicien, off. — Putain de bordel de jus de pruneaux !

Le technicien va boiter tout le reste de la pièce. Le rideau s’ouvre, faisant apparaître un décor d’appartement avec encore un ou deux objets en plus. Jean-René est en train de se changer sur scène. Il se fait surprendre. Il jette sa perruque sur Jean-Étienne et plonge derrière le canapé. Jean-Étienne, dans le rôle d’Albert, est assis sur le canapé. Il veut prendre son journal, ne le trouve pas et le cherche. Il abdique, et fait mine de le lire.

Albert. — Ah ! les nouvelles ne sont pas bonnes ! (L’apprenti technicien, en combinaison noire, rentre à quatre pattes, donne le journal à Albert et ressort à quatre pattes. Jean-René sort en slip à quatre pattes derrière lui. Albert feuillette le journal.) Ah ! les nouvelles ne sont pas bonnes !

Il regarde sa montre qu’il n’a pas au poignet, puis cherche la télécommande. Il ne la trouve pas. L’apprenti technicien la lui apporte puis ressort. Il allume la télé. Les dialogues laissent penser qu’il s’agit d’un film porno. Il essaye d’éteindre la télé, se tourne vers la régie, puis se met debout de panique en se bouchant les oreilles. Nouveau son, Albert se débouche les oreilles, se rassied dans le canapé pour regarder le film. Et finalement le film dérive à nouveau en film porno. Il panique encore. La régie coupe le son. Il reprend son journal et attend une sonnerie. Il regarde la régie car rien ne se passe.

Albert. — Tiens, ça sonne ! (Il regarde sa montre qu’il n’a pas.) Elle est pile à l’heure !

Il va ouvrir. La lumière éclaire le réfrigérateur puis plusieurs zones de la scène avant de bien éclairer la porte d’entrée.

Albert n’arrive pas à ouvrir la porte. L’apprenti technicien rentre sur scène et essaye d’ouvrir la porte mais n’y arrive pas non plus. Albert décide de quitter le plateau en douce. L’apprenti technicien, en se retournant, est pris de panique d’être seul face au public et sort en longeant le mur. Après un long moment de plateau vide, le rideau se referme.

Intermède musical.

Acte 5

« La boucle interminable »

Scène D4 – Personne

Albert, l’apprenti technicien

Pas de coups de brigadier. Le rideau s’ouvre, faisant apparaître un décor d’appartement avec encore un ou deux objets en plus. L’apprenti technicien est en train de déposer un vase. Il veut partir précipitamment, mais le vase tombe. Il hésite à le ramasser ou à sortir, puis finalement il sort. Albert est assis dans son canapé. Il prend fièrement son journal.

Albert. — Ah ! les nouvelles ne sont pas bonnes !

Il regarde fièrement sa montre qu’il a à son poignet. Il prend la télécommande, hésite, mais finalement la repose en regardant la régie. Il lit son journal. Sirène de bateau. Albert sursaute. Nouvelle sirène de bateau. Il comprend que c’est la sonnerie de la porte.

Albert. — Tiens, ça sonne ! (Il regarde sa montre fièrement.) Elle est pile à l’heure !

Albert ouvre la porte. La poignée lui reste dans les mains. Il est désespéré. L’apprenti technicien rentre, vient remettre la poignée en place et ressort. Jeu d’Albert derrière son journal qui essaye de masquer l’apprenti remettant la poignée.

Albert. — Tiens, ça sonne ! (Il regarde sa montre fièrement.) Elle est pile à l’heure ! (Il ouvre la porte. Il n’y a personne derrière.) Il y a quelqu’un ?

Scène E1 – La boucle

Albert, Rubis (Sara), le technicien, l’apprenti technicien, la costumière

Rubis, voix lointaine des coulisses qui se rapproche. — Oui, oui, j’arrive, j’arrive… Je suis là !

Albert. — Bonjour. Je vous en prie, entrez. Je vous prends votre imperméable, madame… Saphir, c’est ça ?

Rubis. — Non, c’est Rubis. Oui. (Elle commence à retirer un manteau de fourrure, mais se rend compte qu’elle a oublié sa tenue dessous.) Euh… non, non, je préfère le garder.

Albert. — Si, si, j’insiste. (Il prend le manteau avec énergie. Rubis, en sous-vêtements, plonge derrière le canapé. Il ne s’en rend pas compte et accroche le manteau à une patère qui n’est pas en place ; le manteau glisse le long du mur. La costumière, à la porte, montre qu’elle est en train de coudre la robe. Albert se retourne et sursaute en voyant Sara en petite tenue derrière le canapé.) Je vous redonne votre imperméable ?

Rubis. — Je veux bien.

Albert, lui redonnant son manteau. — Vous êtes margifique… mafignique… marfimique… euh… jolie.

Rubis. — Merci !

Albert. — Je vous sers quelque chose à boire ?

Rubis. — Volontiers ! J’ai terriblement soif.

Albert. — Un peu de champagne ?

Rubis. — Ça me rend pompette, mais j’adore ça.

Albert se dirige vers l’endroit où est censée se trouver une commode avec des bouteilles dessus, mais elle n’est pas là. Il parle fort pour qu’on l’entende des coulisses.

Albert. — Un peu de champagne ?

Rubis, ne comprenant pas pourquoi Albert le lui redemande. — Ça me rend pompette, mais j’adore ça.

Albert, parlant toujours pour les coulisses. — Indiscutablement, je vais prendre la bouteille qui se trouve sur la commode pour vous en servir une flûte, vraiment. (La tête du technicien passe de la coulisse.) Et donc c’est que alors donc indubitablement, vous désirez du champagne alors ?

Rubis. — Euh… oui, ça me rend pompette, mais j’adore ça.

L’apprenti technicien rentre en poussant la commode avec du champagne dessus. Il ressort. Albert ouvre la bouteille. Mais au moment de soulever les flûtes, il se rend compte qu’elles sont collées à la commode. Il fait tellement de bruit avec la commode que le technicien repasse la tête.

Albert, continuant de meubler. — Et donc vous connaissez effectivement cette belle région de Champagne alors donc ainsi ?

Rubis, de plus en plus décomposée. — Euh… oui, ça me rend pompette, mais j’adore ça.

Albert, récupérant les deux flûtes tendues par le technicien. — Mais alors effectivement donc sans nul doute, vous devez aimer particulièrement le champagne alors, n’est-il pas ?

Rubis. — Euh… oui, ça me rend pompette, mais j’adore ça.

Albert. — Tenez. (Il tend une flûte à Rubis qu’elle boit d’un trait.) À notre…

Rubis. — J’avais une de ces soifs !

Albert. — Un peu de champagne ?

Rubis, commence à douter de son partenaire. — Ça me rend pompette, mais j’adore ça.

Albert. — Il n’y a pas de mal à se faire plaisir ! Bon, non, rien, tenez. (Il lui tend une flûte qu’elle boit d’un trait.) À notre…

Rubis. — J’avais une de ces soifs !

Albert. — Un peu de champagne ?

Rubis, désespérée. — Ça me rend pompette, mais j’adore ça !

Albert. — Il n’y a pas de mal à se faire plaisir ! (Il se rend compte de ce qu’il vient de dire et donc qu’il est en train de « boucler ».) Bon, non, rien, tenez. (Il tend une flûte à Rubis.) À notre…

Rubis, hésitante à boire mais elle finit par le faire. — J’avais une de ces soifs !

Albert. — Un peu de champagne ? (Il se rend compte qu’il bugge complètement. Il essaye de refaire son texte avec les mouvements depuis le début pour se rappeler, mais ne trouve pas.) Un peu de champ…

Le texte sort des coulisses. Le rideau se ferme.

Intermède musical.

Acte 6

« Jean-Marc se fâche »

Scène D5 – Tentatives de sons

Albert, Kevin

Un coup de brigadier. Le rideau s’ouvre, faisant apparaître un décor d’appartement avec encore un ou deux objets en plus. Albert lit son texte, il est surpris que le rideau soit ouvert. Il jette le texte derrière le canapé. Il va s’asseoir dans le canapé et feuillette son journal.

Albert. — Ah ! les nouvelles ne sont pas b… (Bruit de pet. Il s’interrompt en sursautant. Il est gêné. Bruit de rot, de xylophone… Désespéré, il comprend que c’est la régie qui galère pour trouver la bonne sonnerie.)

Kevin, en régie. — Ding dong !

Albert. — Tiens ! Ça sonne ! (Il regarde sa montre.) Elle est pile à l’heure !

La régie met les pleins feux pour bien éclairer la porte.

Scène E2 – Sara sort du personnage

Albert, Rubis, Daniel (Jean-René)

Rubis entre avec un imperméable. Ils sont tellement éblouis par les projecteurs qu’ils se protègent les yeux. Albert fait signe à la régie de baisser. La lumière baisse, trop, puis remonte selon les consignes d’Albert.

Albert. — Je vous en prie, entrez. (Rubis est déjà entrée, il ne l’avait pas vue à cause de la lumière.) Je vous prends votre imperméable ?… Ou pas ?

Rubis, un peu soûle. — Oui, je veux bien, merci.

Albert. — Sûre ? Madame… Rubis, c’est ça ?

Rubis retire son imperméable, le tend à Albert et le lâche avant qu’il ne l’attrape. Elle a une robe ultra-courte moulante.

Rubis. — Il n’y a pas de madame, c’est Rubis tout court.

Albert, regardant les jambes de Rubis. — En effet !

Il ramasse l’imperméable et est surpris de découvrir la patère au mur. Il la touche, elle lui reste dans les mains. Il fait glisser l’imperméable au mur.

Rubis. — Pardon ?

Albert. — Vous êtes margifique… mafignique… euh… jolie. Et votre robe est marfimique… mamirfique… euh… jolie également.

Rubis. — Merci. Vous verrez qu’elle s’enlève facilement.

Albert. — Je vous en prie, asseyez-vous.

Rubis. — Merci.

Rubis, en passant derrière le canapé, se plante le texte dans le talon.

Albert. — Je vous sers quelque chose à boire ?

Rubis. — Volontiers ! J’ai terriblement foisse… soif.

Albert. — Un peu de champagne ?

Rubis, inquiète. — Ça me rend pompette, mais j’adore ça.

Albert, ouvrant la bouteille et servant deux flûtes. — Il n’y a pas de mal à se prendre un doigt ou deux. Bon, non, rien, tenez. À notre…

Rubis, boit d’un trait. — J’avais une de ces foisses !

Albert lui ressert un nouveau verre.

Albert. — Un peu de champ… (Il se rend compte qu’il coince sur la même réplique. Il s’assied sur le canapé et va récupérer son texte accroché au talon de Rubis.) Je propose que nous trinquions à cette soirée ! (Rubis boit à nouveau son verre d’un trait.) Vous avez un bon gosier !

Rubis. — Oui, c’est souvent ce que me disent mes clients. (Albert crache son verre.) Ça va ?

Albert. — Oui, oui.

Rubis. — Vous ne vous asseyez pas à côté de moi ?

Albert, se levant et se rasseyant. — Ah… euh… oui, bien sûr.

Rubis, commençant à retirer le haut de sa robe. — Vous voulez qu’on fasse ça ici ?

Albert. — Oui. Euh… non ! En fait, si vous êtes ici, c’est pour quelque chose de spécial.

Rubis. — Vous frépérez quelque chose d’un peu moins traditionnel ?

Albert. — Oui, c’est ça, je frépère ! Enfin non, non, pas ce à quoi vous pensez. En fait, si vous êtes ici, c’est parce que j’ai besoin que vous soyez ma femme le temps d’une soirée.

Rubis. — Du genre vous rentrez de votre travail, je fais mon tablier nu sous la cuisine… euh… je fais la cuisine nue sous mon tablier ! Et vous me prenez vausagement… sauvagement sur la table ?

Albert. — Oui. Euh… non, pas du tout ! J’ai un dîner d’affaires, ce soir, avec mon patron, son directeur financier et leurs femmes. Les numéros un et deux de la boîte ! Et hier, mon patron m’a demandé si ma femme aimait les fleurs.

Rubis. — Ah ! votre femme n’aime pas les fleurs ?

Albert. — Oui. Enfin non, voilà, enfin j’ai plutôt pas de femme, voyez-vous, je suis séparé, enfin célibataire. J’ai bien une maîtresse, n’est-ce pas, mais elle était…

Rubis/Sara, coupant Albert et sortant du personnage. — Une maîtresse ? Naaaaaan ! Gabriel aussi à une maîtresseeeeee. (Elle se met à pleurer.)

Albert, déstabilisé. — Oui. Enfin, ce que je voulais vous proposer c’est de vous faire passer pour ma femme.

Rubis/Sara, en pleurs. — Avec Gabriel aussi on avait prévu de se marieeeeeer ! (Elle se mouche dans la perruque qu’elle trouve dans les oreillers. Elle se lève et s’en va.)

Albert. — Sara, qu’est-ce que tu f… euh… Rubis, ne pars pas comme ça ! On n’a pas terminé.

Rubis/Sara, sortant. — Gabrieeeeeeel !

Elle claque la porte. Albert se la prend. Les pleurs de Sara s’éloignent. Albert reste gêné sur scène. Il tâche de meubler comme il peut.

Albert. — Oui, alors oui, indiscutablement, vous avez véritablement un petit ami… aviez un petit ami… (Les pleurs de Sara se rapprochent. Jean-Marc la pousse sur scène. Elle se jette dans les bras d’Albert.) Alors, voyez-vous, alors euh… hier, mon patron m’a demandé si ma femme aimait les fleurs.

Rubis, ses pleurs se tarissent. — Ah ! et votre femme n’aime pas les fleurs ?

Albert. — Oui. Enfin non, voilà, enfin j’ai plutôt pas de femme, voyez-vous, je suis sép… célibataire. J’ai bien une maî… (Il se rend...

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